L' escampadou
Ah ! que de joies de jeux et de peines tu nous as donnés.
Où est-il l'escampadou qui faisait chanter les lavandières,
trois colchiques dans les cheveux , et accroupies belles
qu'elles étaient à battre sans relâche les linges des mois
d'hiver.
Penchées sur l'ouvrage, le corsage ouvert et généreux,
suant sang et eau, criant après les gosses en se remontant
le chignon d'un geste large et rapide, et déjà les chants
reprenaient. A l'ombre des noisetiers, leurs" jupailles"
retroussées, leurs magnifiques poitrines d'un blanc laiteux
se balançaient par delà les corsages à chaque coups
de battoir.
Il y avait là quelque chose d' infiniment inconnu, qui
du haut de mes 11 ans cognait dans ma petite poitrine.
Ce jour là, dans le champ d'herbes vertes, où de grands
draps étendus séchaient au soleil, près du moulin sous les
mûriers sauvages, j'y laissais pour toujours les culottes courtes
de mon enfance.
Lilasdespres